Pour quelques seringues

Une nouvelle affaire venait d'être confiée à Albert Wesker, le lendemain même de sa visite aux laboratoires d'Umbrella. Et bien sûr, il avait du garder Thor avec lui, il était hors de question que le blond laisse toute la journée le berger allemand seul dans son appartement. Ce chien était précieux à ses yeux, il était comme un lien direct avec son ami William Birkin, même si ce dernier n'était pas trés attaché à l'animal. Non, c'était plutôt quelque chose pour sa fille, Sherry Birkin.

Dans tous les cas, les papiers qu'il avait récupérés la veille étaient formels et trés précis comme il les aimait. Toutefois, la requête de certains de ses patrons était pour le moins originale. Ils désiraient qu'il aille en personne fournir un excellent client, un drogué de première à différente sorte de stupéfiant venant de leur entreprise. Un mince sourire s'afficha à ses fines lèvres. Le dossier était complet et indiquait un lieu pour le moins typique, dans une ville à quelques heures de routes de Raccoon City.

Le Q.G. des STARS avait été mis au courant de son absence occasionnée, officiellement, il était en mission de repérage avec quelques autres membres de l'équipe, également de mèche et subventionnés par Umbrella bien évidemment. C'était utile d'être le chef d'une unité d'élite et d'en plus pouvoir si aisément camoufler diverses disparitions. C'était sa parole soutenue contre n'importe quelle autre.

Ce jour-ci, le ciel s'était rafraichit et la neige s'était parsemée un peu partout sur le territoire américain et Wesker s'était rendu comme convenu au lieu de rendez-vous. Non pas dans un endroit insalubre mais dans un hôtel luxueux. Là aussi se fut Umbrella qui lui avait permis un accés aussi facile. Il n'allait pas accueillir une perle si rare pour un capharnaüm sans nom. La compagnie pharmaceutique la plus puissante des Etats-Unis voulait que Wesker fasse une démonstration à son client si ce dernier l'exigeait, qu'il lui montre les bienfaits de ses produits stupéfiants et immédiats. Toutefois, Umbrella n'avait fait qu'améliorer de simples drogues pour observer leur évolution, en les mélangeant, en ajoutant des formules ou en retirant, etc.

Une fois dans la chambre indiquée, le blond avait pour consigne d'attendre le client. Il n'aurait pas connaissance des autres projets d'umbrella, s'il tentait le moindre chantage, son pistolet était chargé et prêt à l'emploi à sa ceinture. Un autre était dissimulé dans sa veste. Ah oui, et si le client le désarmait et le menaçait, alors il pourrait le tuer tout simplement, à l'aide de sa force prodigieusement inhumaine.

* Et dire que ce n'est que le début... * se sourit-il en imaginant déjà quel genre de monstre il allait devenir. Toute cette puissance qui serait un jour la sienne, c'était intéressant d'en suivre l'évolution. Mais pour le moment, il patientait en s'appuyant contre l'un des meubles de la pièce, habillé en simple civil avec un haut à col roulé bleu sombre couvert d'une veste noire et un pantalon de la même couleur, tout comme ses chaussures. La mallette contenant les produits illicites d'Umbrella était bien sagement posée sur le meuble prés de lui, Thor s'était assis à ses côtés.

Mello s’était habillé plutôt simplement, car ce jour-là, il traitait affaires dans une suite luxueuse d’une énième grande ville américaine dont il peinait à se souvenir le nom. Il avait enfilé une veste en cuir et un slim sombre dont il aimait bien la façon dont il moulait son entrejambe, puis avait consciencieusement lacé ses Dr. Martens bordeaux.
Il s’était emparé de sa valise, avait hélé un taxi et s’était rendu à l’hôtel, passant par la porte de service. Dans l’ascenseur aux vitres réfléchissantes, il avait salué son protégé, un homme gras et puant qui marchait à la morphine et voulait s’essayer à d’autres drogues. Mello n’arrivait pas à supporter cet individu, et résistait à l’envie de l’étouffer dans sa graisse à la seule vue des billets qui gonflaient sa veste. Une mélodie métallique indiqua qu’ils étaient arrivés au septième étage de l’hôtel luxueux.
Mello sortit, tâtant le flingue dans la poche de sa veste. La présence de l’arme le rassurait.
Par les fenêtres vitrées disposées le long du couloir, on pouvait voir que la neige avait recouvert la ville d’un tapis blanc qui ne ressemblait plus qu’à une boue grise et salissante.
Néanmoins, le blond se plut à contempler les flocons qui s’agglutinaient sur le rebord des fenêtres. Cette vision lui rappelait les longs après-midi qu’il passait dans sa chambre, seul ou avec Matt, à contempler la neige... À la Wammy’s House, la neige restait des jours. Et il y avait un lac, près du bois, où on pouvait faire du patin à glace. Bien sûr, Mello ne se risquait pas à ce genre d’acrobaties s’il pouvait ricaner sur la rive, à regarder les autres s’étaler sur le sol glissant. Matt était très souple... Mello se souvenait sans peine de ses arabesques et des étincelles blanches qui s’échappaient de la lame de son patin.
Mais enfin, il avait des affaires à régler, pour ensuite avoir l’argent qui se trouvait dans la poche du monsieur, et pouvoir ensuite payer son loyer, à bouffer... Ce genre de chose.
Il entra en premier dans la chambre, vérifia d’un coup d’œil que la seule personne qui se trouvait dans la pièce avait bien le profil qu’on lui avait présenté.
L’homme était d’ailleurs plutôt beau. Non, même très beau.
Mello laissa entrer son ignoble protégé et le laissa choir sur un canapé de cuir.

« Bon, ça consiste en quoi, cette merde ? On va pas se retrouver dans Planet Terror ni des trucs du genre... ? Non, parce que déjà, vous voyez dans quel état il est... Amorphe, il lui faut sa petite piqûre toutes les cinq minutes... Mon métier, c’est pas nurse, si vous voyez ce que je veux dire... »

Mello avait réussi à convaincre Mr. White, l’homme gras qui marchait à la coke et à toutes ces drogues blanches, qu’il fallait se montrer très confiant. Ne pas laisser transparaître de doute dans sa voix, dans son visage, dans son attitude. Et adopter le ton du mec de banlieue, placer des « fuck » tous les trois mots... Il adorait. D’autant que ça lui faisait une occasion précieuse de rabaisser Mr. White....

A l'heure. Et aucun doute sur l'identité de ces hommes, il s'agissait des clients d'Umbrella. Wesker n'avait pas porté grand attention à l'homme mal forgé par la Nature, M. White, son aspect lui donna plus envie de déguerpir sur le champs que de rester aimable mais les affaires étaient les affaires, il aurait toujours une petite prime. Et puis ses lunettes aux verres noirs cachaient ce que pourrait dire son regard. Pas grand chose certes mais dans tous les cas, le blond avait horreur qu'on essaie de deviner ses pensées ou qu'on lui tienne tête en fixant ses perles d'azur. Etudier le reste de son visage était le seul moyen d'avoir une approche de ses pensées. Malgré tout, il les ôta et les replaça dans la poche de sa veste, il avait besoin qu'on puisse lire dans ses yeux pendant cette expérience.

L'homme qui était avec M. White était probablement son garde du corps. Un mignon petit blondinet au regard haineux, lui avait quelque chose à coup sûr qui le maintenait en vie... Tiens donc, avec un peu d'imagination, il pouvait être un agréable mixe de Jill et de Chris. Oui, il fallait vraiment réfléchir pour arriver à une telle conclusion. Dans tous les cas, ce fut ce jeune homme qui prit la parole à la place du client. Effectivement, amorphe comme il le paraissait, il aurait été difficile d'entretenir leur négociation. Wesker tourna son regard vers la mallette posée sur le meuble prés de lui. Sous le regard curieux de Thor, il l'ouvrit.

" Je comprends votre impatience, Monsieur M. " lança-t-il en se souvenant de cette appellation dans les dossiers qu'Umbrella lui avait fournis au sujet de ses clients. "M" était la seule identité révélée par le blond et recueillie dans le rapport. Toutefois, c'était 'cette merde' qui entretenait les fonds de son humble compagnie. Les drogues d'Umbrella étaient de loin les meilleures, elle employait tout une équipe de chercheurs hautement perfectionnée dans le domaine. Peu importait les conséquences sur la santé de ses clients aprés, les drogues avaient la fâcheuse manie de s'évaporer trés vite par les pores de la peau, provoquant d'intenses extases chez son consommateur mais aussi une grande frustration par la suite, le poussant à toujours en vouloir plus et encore. Quant à lui-même...

Wesker prépara comme à son habitude les seringues qui allaient lui injecter comme prévu la drogue sous effet du virus réduit. Un virus qu'il connaissait bien puisqu'il l'avait lui-même étudié consciencieusement. Néanmoins, ce dernier s'était révélé trop faible pour supporter de plus hauts espoirs. Une fois la préparation terminée, Wesker s'approcha de ses clients et s'assit tranquillement sur le canapé en face d'eux, seringue à la main comme s'il tenait un cigare.

" Il n'y a aucun danger hormis la surconsommation, mais vous devez déjà le savoir. Trois doses par jour au maximum sous peine d'hypertension. " expliqua-t-il trés professionnellement en relevant l'une de ses manches, découvrant le trés léger bronzage de sa peau claire. Ses veines se voyaient à peine, mais pour quelqu'un qui connaissait aussi bien son corps que lui, Wesker aurait pu se piquer les yeux fermés sans louper sa cible. Il n'attendit pas plus pour planter l'aiguille en sa chair, une fois dans le sang, le virus agissait presque immédiatement.

" Vous connaissez les signes du plaisir, n'est-ce pas ? " Wesker fixa M. White dans les yeux. Le virus était en train de lui couler dans les veines, provoquant de légers frissons sur son corps. Mais ce n'était pas la seule chose, ses pupilles se dilatèrent comme celles d'un chat en colère. C'était le signe le plus visible et franc du plaisir avec la respiration qui s'affolait. Il y avait bien une autre preuve, tellement plus flagrante, mais Wesker ne la montrerait jamais, pour la simple et bonne raison qu'une simple drogue ne pouvait pas l'exciter à ce point. Une grande extase pour qui que se soit, procurée par de la drogue, était inefficace sur lui. Toutefois pour le bien de cette mission, il s'était privé de la consommation de son propre virus interne pendant un moment, ce qui rendait les effets de la drogue d'Umbrella plus visibles.
De plus, ses veines s'étaient mises à gonfler sous le plaisir soudainement offert. Wesker se leva, jetant la seringue sur la table, et garda son regard désireux ancré dans celui de M. White.

" Convaincu ? " lui demanda-t-il dans un aimable sourire alors que ses pupilles étaient toujours aussi dilatées et sa respiration légèrement plus saccadée.

" Je suis un homme qui sait garder son contrôle, et pourtant voilà dans quel état cela me met. " ajouta-t-il en virant son regard dans celui de Mello. Thor quant à lui était revenu vers son maître, mais resta un peu à l'écart, prés du canapé. Il n'aimait pas les odeurs chimiques de ces produits, seulement celles sur la blouse de Wesker chez lui. Celle-là, il l'aimait bien, et il n'était pas rare que le blond aperçoive le berger allemand jouer à se rouler dedans...

Mello n’avait pas une âme sensible. Il était confronté à beaucoup de situations plutôt angoissantes à longueur de journée. Mais, s’il y avait une chose qu’il détestait par-dessus tout, c’était les piqûres. En faire à Mr. White, il avait l’habitude. Enfoncer les aiguilles les unes après les autres dans ce tas de graisse sans âme, il y prenait parfois même du plaisir. Mais qu’un homme propre sur soi s’abaisse à ce genre de chose, qu’il laisse transparaître un plaisir aussi intime que celui que procuraient ces drogues, ça, c’était une chose qui l’insupportait.
Mello observa l’homme qui jouissait debout, dans la grande pièce, près du lit. Il y avait tellement d’autres moyens pour obtenir du plaisir, que de se mettre un liquide dans les veines !
Il regarda l’homme. Planta son regard dans les yeux bleus azur. Chercha la jouissance dans ses yeux. Mais il n’y trouva rien. Son corps réagissait mécaniquement au produit, mais l’homme, l’esprit, ne goûtaient pas au plaisir.
Mello essaya de comprendre, en vain, pourquoi le fait que le plaisir naturel du blond soit préservé, le rassurait.
L’homme parlait à Mr.White. Il ne prêtait pas trop attention à Mello. L’occasion était tellement belle, de prendre la mallette et de s’en aller sans payer. Il avait contracté beaucoup de maladies mentales dans sa vie, dont la cleptomanie ; il ne fallait surtout pas replonger. Mello adorait les bains de sang, sentir l’adrénaline lui monter au cerveau, c’était une chose tellement jouissante – tellement plus que ces drogues. Mais il se contint, en remarquant le regard du chien de Wesker – Thor. C’était un nom très rude, comme venu des pays vikings. Il se tenait près de Wesker en grand chien qui se tient aux côtés de son maître. Une sauvagerie réprimée, pour le meilleur et pour le pire. Mello se prit à jalouser le couple, à envier leur complicité. Ce qui lui manquait, dans sa vie, c’était une présence à ses côtés, une personne qui prenne soin de lui.
Mello, dans sa jeunesse, avait eu beaucoup d’aventures légères avec tous les sexes, mais depuis deux ou trois ans, sa vie n’était plus qu’une accumulation de « juste pour une nuit ».
Il s’était prostitué une fois il y avait cinq ans, et le corps de l’autre l’avait tellement dégoûté, il s’était juré de ne plus recommencer. Pourtant, son corps qui avait collé cette femme blonde au regard noir, la façon dont s’étaient enchaînées les choses, la nuit dernière, relevait de la prostitution : « Je me sens seul, je t’échange ma solitude contre ton corps. »
Il ressurgit de ses pensées quand il sentit un regard peser sur lui. Wesker le fixait.

[Bon, c'est court, j'ai mis du temps... Mais en fait, j'avais un doute : je croyais que Thor était un être humain x) ! Du coup, ça donne un truc super intéressant, parce que Mello s'abaisse au rang de chien Pour quelques seringues Icon_biggrin

!]

Une vague question avait effleuré l'esprit de Wesker: pourquoi Umbrella l'avait envoyé lui, connaissant pourtant son insensibilité, qu'un autre ? Pour prouver que cette drogue était efficace malgré tout ? Non, cette affaire devait être plus importante et exigeait une discrétion absolue. Durant le voyage jusqu'à cet hôtel, le blond n'y avait plus songé, sachant juste ce qu'il avait à faire et comment les choses se dérouleraient. Wesker avait rarement tort... Si tel était le cas, alors là il serait réellement surpris. Et actuellement, il n'était pas surpris.

Pour l'instant, il devait seulement ravir les pupilles de son client en lui montrant quel effet jouissif pouvait avoir cette drogue, mais intérieurement, Wesker n'en tirait aucune satisfaction. Ce n'était que de l'exhibition, rien de plus. Thor devait se rendre compte que cette scène n'était pas habituelle dans le milieu humain, lui ne connaissait que les bras de la petite fille qui lui servait de protégée, la négligence de son propriétaire, William Birkin, et les croquettes de la femme de cette demeure. Wesker n'était pas inclus dans son paysage quotidien, mais il ne pouvait s'empêcher de plus le considérer comme son maître que Birkin. Au moins le blond lui donnait le minimum syndical d'affection, il lui adressait la parole au moins. Oui la présence presque muette de ce chien plaisait à Wesker, il pouvait tout lui dire sans risquer ses propres plans.

Dans tous les cas, cette petite démonstration sembla efficace, à en voir l'expression de M. White, ce dernier semblait déjà fantasmer le moment où il sentirait ce fluide excitant couler en ses veines. Toutefois, ce n'était pas son expression que le blond voulait voir... Mais plutôt celle de M.
Quel genre de nom pouvait se cacher derrière cette lettre ? A quoi pouvait-il songer en cet instant alors que lui-même s'était injecté la dose nécessaire à la petite expérience ? C'était la curiosité scientifique de Wesker qui le poussait trés probablement à analyser les gens de la sorte, du moins, les gens qui lui plaisaient. Chris Redfield en faisait partie, William Birkin également, et M. Quelques chose de féroce se cachait derrière dans ses pupilles, ça se ressentait...

Finalement, le blond se releva et dévoila le reste du contenu de la mallette sur la table basse. A tout moment, il était également prés à sortir son pistolet et à faire feu si danger il y avait. Aucune fuite ne devait se réaliser.

" Pour quelques billets ces stupéfiants seront tout à vous. " dit-il sur une tonalité trés professionnelle alors qu'il avait hâte d'extraire M. White de sa vue. Peut-être bien qu'une autre drogue pourrait éveiller l'intérêt de M par contre, qui savait...

[Je trouve ça mignon moi Mello ! xD bon sang, j'imagine du Wesker/Mello O_o' c'est vraiment tordu et malsain comme affaire, j'aime ! ]

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